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Dès la préhistoire la fourrure des loups
était utilisée comme vêtement et les canines comme collier.
Au paléolithique les hommes ont représenté le loup sur des peintures, comme à
Altamira ou l’on gravé sur du bois de rennes, comme dans la grotte de la
Madeleine.
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Peinture de la "Grotte de Font de Gaume"
Epoque Magdalièniene
"france"
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Plus tard, on rencontre le loup dans la plus part des mythologies.
Dès l’antiquité, il est associé au culte de la lumière ou, au contraire, aux
forces des ténèbres.
Il joue parfois un rôle protecteur et fondateur.
Ainsi
avant que le loup ne représente pour l’occident qu’un animal
nuisible, il était prestigieux de l’avoir pour ancêtre et parfois
les dieux pouvaient naître de louves
Les premiers conquérants de la Haute Egypte prétendaient avoir été guidés
par un dieu loup qui devint le protecteur de la ville d’Assiout, appelée
plus tard, « Lycopolis » par les grecs Ce dieu, nommé
« Oupouaout », devint ensuite le guide de la barque solaire et le
conducteur des âmes lors de son voyage nocturne.
Les loups étaient aussi les gardiens efficaces de sanctuaires. A Delphes,
anciennement appelée Lyconia (la ville des loups), les temples étaient
ornés d’une statue représentant le loup justicier qui mit a mort le voleur du
trésor du temple d’Apollon.
Ces sanctuaires étaient entourés de bois sacrés nommés lycée qui servaient d’antre
aux loups. C’est dans un de ces bois qu’enseignait Aristote. Ainsi les lycéens
sont ils à juste titre, de «jeunes loups» !
A Rome, le dieu Mars et le loup étaient les protecteurs de tous les
conquérants. De même c’est lui qui menait le char du dieu Mars
Lors des guerres, l’apparition du loup était un signe favorable pour l’issue de
la bataille.
Contrairement à la tradition grecque, la louve romaine ne sera plus mère mais
uniquement nourricière. Elle sera l’attribut de Mars, lui-même père de Rémus et
Romulus. L’image de la louve, campée sur ses pattes, les mamelles gonflées de
lait, auxquelles s’abreuvent les jumeaux, avait un rôle protecteur dans la
maison comme dans les tombeaux.
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La louve allaitant
Rèmus et Romulus
Musée du Louvres |
Lorsqu’Odin, dieu de la guerre de la mythologie scandinave, présidait l’assemblée
des dieux, deux grands loups étaient couchés à ses pieds, symbole de sa
puissance.
Dans la mentalité médiévale le loup n’inspire pas seulement la peur. Ses poils,
ses os et même ses crocs entrent dans une pharmacopée populaire plus magique
que curative et dans la composition d’amulettes, preuve qu’on lui attribue
parallèlement un rôle bienfaisant et protecteur.
La littérature elle-même véhicule deux images contradictoires. Les
bestiaires l’affublent de tares physiques allant de pair avec sa noirceur morale
(avec le bouc il partage l’image même du diable).
Les traités de vènerie en font une «beste noire» a classer parmi les
«nuisibles» et a chasser non pour le manger mais pour le détruire.
Au XIVeme siècle, Gaston III, dit Phoebus, énonce dans son livre de
chasse que les loups sont des mangeurs de chair humaine et notamment
d’enfants a la chair bien plus tendre.
Il faut néanmoins souligner que toutes les enquêtes conduites sur les crimes de
ces bêtes « cruelles » n’ont pas pu apporter de confirmation sur
leur culpabilité.
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Piègeage du loup
Livre de chasse de Gaston Phébus
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Les contes sur le petit chaperon rouge,
pas celles des XVIII etXIXeme siècle, mais celles de la tradition orale insiste
sur le côté sexuel et bien membré du loup
Dans la tradition orale, le choix du chemin est offert a la petite fille par le
loup quand ils se rencontrent : celui des épingles ou celui des aiguilles.
Elle prend le chemin des épingles (qui représente la puberté) pour se rendre
chez la grand mère.Une fois sur place le loup tue la grand-mère et la petite
fille mange le sang et les mamelles (symboles féminins de la procréation).Elle
acquiert ainsi le pouvoir de procréer. Elle couche alors avec le loup puis
reprend le chemin des aiguilles (représentant la perte de la virginité). Le
loup montre le chemin, orchestre puis initie sexuellement, il mène le
jeu, conduit la petite fille vers chaque étape de son destin de femme. L’enfant
ressort femme de la maison de la forêt.
Quelque soit la version, et elles sont nombreuses, la petite fille couche avec
le loup.
Quel est l’enseignement de cette scène ou la petite fille couche avec le
loup ? Est-ce la découverte de la sexualité, ou du moins son
initiation ? D’ailleurs, ne disait on pas que les jeunes filles devenues
femmes qu’elles avaient vu le loup ?
Autres légendes, celles du « loup garou »
ou certains hommes se transforment en loups, que ce soit par des facultés
héréditaires ou par des malédictions. La plus belle à mes yeux étant
celle du
"bisclavret" ou un pauvre chevalier sous le
coup d’un sortilège se métamorphose à certaines périodes en loup garou. A
certaines périodes il se rend dans la forêt où il cache ses habits
dans un tronc creux avant de se transformer en loup (Métamorphose).
Le loup garou
attaquant un homme d'arme
enluminure du 15° siècle
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Il erre sous cet aspect, mi homme mi loup, nu dans forêt vivant sa vie de loup
garou, mais au terme de sa peine, pour retrouver son aspect humain, il doit
aussi retrouver ses vêtements sous peine de ne pouvoir reprendre son apparence
humaine. Bien sur sa femme finit par connaître son secret, sa cachette….
Avec l’aide, du rival de son mari, qu’elle prend pour amant, elle subtilise les
vêtements du malheureux (tromperie) qui se trouve prisonnier dans sa peau de
loup garou.Un jour que le seigneur chassait en ses bois, il fut prit, mais au
lieu de se défendre,il se coucha et baisa les pieds de son seigneur qui ne pu
le reconnaître sous ses traits .il trouva le tableau si troublant qu’il
l’épargnât et fit venir tous ses gens pour constater le miracle de ce loup au
comportement si humain( fidélité, liens féodaux vassaliques ).
Le loup ne quitta plus son seigneur, le loup devint son gardien et le seigneur
son protecteur. Le loup était d’un naturel calme et paisible, mais dès que
paraissaient sa femme et son amant, qui avait prit sa femme et sa charge auprès
de son seigneur, il devenait agressif.
Un jour il finit par mordre sa femme et la défigura, le loup fut durement jugé
par la cour, mais son seigneur, maître et ami s’étonnant de son comportement et
ne voulant pas le laisser a son triste sort, décida d’enfermer ce loup au
comportement si humain dans une chambre avec une garde robe complète. Il ferma
la porte, mis la clef dans son escarcelle, et laissa deux gardes à la porte
pour plus de sécurité (fidélité et liens féodaux vassaliques dans le sens
suzerain vassal). Quand, accompagné de sa cour, il ouvrit la porte, il
trouva son fidèle vassale délivré de son sort se prosternant devant
lui. L’amant fut confondu et punit . La femme, elle fut bannit, le fidèle
vassale retrouva sa charge et ses biens.
Quelle place tient le loup dans la
tradition chrétienne ?
Dans la genèse, il est englobé dans les bêtes sauvages. Pour les hébreux le
loup appartient a la catégorie des animaux impurs, qui ne doivent être ni
mangés, ni sacrifiés La mauvaise réputation du loup se renforce au début
de l’ère chrétienne car plusieurs paraboles des évangélistes en font un
argument de poids pour convaincre les hésitants.Dans les actes des apôtres,on
peu lire des passages dans lesquels Saint Paul, pour mettre en garde les
infidèles contre les hérétiques qui risquent de s’infiltrer dans l’Eglise,annonce
que les loups vont attaquer les troupeaux.
Les premiers chrétiens reprendront souvent l’image simple et forte de la brebis
innocente qu’il faut protéger du loup. Tout au long du moyen age, cette
parabole du loup noir opposé a l’agneau blanc, doux et pur, sans défenses, et
du pasteur protégeant son troupeaux contre le fauve, prendra toute son
importance.
L’Eglise catholique contribuera beaucoup à l’identification symbolique du loup
au diable.A la fin du IVme siècle, Saint Ambroise, évêque de Milan,
affirme à ces fidèles « le loup est le diable ».
Désormais le loup représente une menace morale autant que physique. Il devient
en Europe, une des incarnations du diable.Triste privilège qu’il partage avec
le bouc et le chat noir.
Cette image est également diffusée par les mystères, pièces populaires jouées
sur les parvis des cathédrales Ceux qui représentaient le diable
s’enveloppaient de peaux de loup. Les auteurs de bestiaires ne sont
guère plus indulgents.
Au début du XIIIeme siècle, Pierre de Beauvais, brosse un tableau du
loup : le loup représente le diable, car celui-ci éprouve de la haine pour
l’espèce humaine… Les yeux du loup qui brillent dans la nuit sont les œuvres du
diable. Cette diabolisation dure jusqu’au XVIIIme siècle ou le magistrat
bordelais Pierre de Lancre affirme encore que « le diable se
transforme en loup plus volontiers qu’en tout autre animal par ce que le loup
est dévorateur, ennemi mortel de l’agneau qui est le Christ ».
Une autre tradition chrétienne, moins répandue, fait du loup un allié du
moine.Cette nouvelle tendance naît en Haute Egypte au IVme siecle.Saint Antoine
croise un loup qui le guide au terme de son voyage. Saint Brandant, puis Saint
Colomban (VI°-VII°) prêchent l’amour pour tout ce qui vit.Ce dernier interdit
la chasse dans les domaines relevant de son abbaye.Saint Dié (Saint Déodat), au
VIIme siècle, continuateur de son œuvre, fut guidé par les loups lors de son
arrivée dans les Vosges.
Enfin il existe une autre tradition, celle
de la conversion du loup par un saint.
En Arménie, Saint Blaise obtient du loup qu’il lui obéisse et restitue le
bétail volé.
En Bretagne, Saint Hervé (VIme siècle), aveugle, est accompagné d’un loup
converti qui l’aide a se déplacer. Saint Gilles (VIme siècle), protège certains
animaux mais dirige l’énergie des chasseurs contre les ours, les sangliers et
les loups.
En Normandie, Sainte Austreberthe oblige un loup à prendre la place de l’âne
qu’il a dévoré.Cette histoire est à l’origine de la fête du « loup
vert » célébrée le 23 juin. Ce terme est une déformation de loup verse ou
versé, c’est-à-dire converti. Cette fête existe toujours à Jumièges et permet
de célébrer la fécondité ainsi que l’arrivée de la saison caniculaire.
Dans les Flandres, Saint Remacle (VIIme siècle) force le loup à prendre la
place de l’âne mangé.
Au VIIme siècle, Saint Loup évêque de Sens, devient le patron des bergers
ou le protecteur des moutons.Il est vénéré en Sologne dans douze
localités.
Au Xme siècle, Saint Odilon, abbé de Cluny est sauvé par un loup d’une attaque
de renard.
De nombreuses croyances populaires et autres superstitions dont le loup fut
entouré dès l’antiquité trouvent leur juste écho dans la pharmacopée des
apothicaires
- pour les fluxions : les yeux
chassieux et les maux de dents : prendre des crottes de loup recueillies
avant qu’elles n’aient touchées terre, les réduire en cendre et les
mélanger avec du miel.
- pour que le bétail ne soit pas dévoré par les loups : il faut le
frotter avec des excréments de ce dernier.
- pour la goutte : cuire un loup dans l’huile bouillante jusqu’à ce
que la chair se détache des os.
- pour la fièvre : porter un œil droit salé, ficelé au bras.
- pour faciliter l’accouchement : manger des mamelles de loup.
- pour les crises d’épilepsie : manger un cœur réduit en cendre.
- pour la toux, les affections du foie : foie de loup séché, réduit
en poudre avec du vin.
- pour mettre fin aux turpitudes d’une épouse volage : lui faire
manger de la moelle épinière de
loup.
- pour les maux de dents : tête séchée, en poudre.
- pour les peurs nocturnes des enfants : faire porter une dent de
loup. - de même suspendue au
bébé, la dent de loup favorise la poussée des
dents.
- des souliers en peau de loup permettent aux enfants d’être forts et braves.
- la peau des loups donne du courage, à ceux qui la porte.
- des dents autour de l’encolure des chevaux les rendent infatigables
- pour faire un filtre d’amour prendre la moelle du pied gauche du loup.
- pour nouer l’aiguillette faire la même chose avec une verge de loup.
- pour rester dans le même genre de pratique, n’oublions pas que les paysans
clouaient sur la porte des étables et des bergeries des pattes de
loup pour les en éloigner.
De la préhistoire à nos jours le loup à
parfois inspiré le respect mais il a surtout induit une terreur insurmontable
cher l’homme.Il a été, au cours des âges, guide des vivants et des morts,
conducteur du soleil, modèle du guerrier et fondateur de lignée, mais la
christianisation lui a porté le plus grand tort.Diabolisé, hérétique, le loup
ne sort pas grandi de plus d’un millénaire de christianisation.
Depuis la nuit des temps, les loups sont
prédateurs, tout comme l’homme, mais contrairement a ces derniers, ils sont
restés identiques a eux-mêmes alors que l’homme est devenu exterminateur
SOURCES
- Histoire médiévale n° 10 octobre 2000,
(très bons articles biens documentés).
- L’imaginaire du loup, mémoire de maîtrise de lettres modernes,
littérature comparée, UFR de
lettres modernes de l’Université Charles de
Gaulle-LilleIII, sous la direction de Michèle Dancourt,
1996-1997.Dylewski,
Nathalie
- « de la métamorphose au moyen age », pp.3-25 de métamorphoses et
bestiaire fantastique au moyen âge, recueil d’articles .Paris : Ecole
Normale Supérieure de jeunes filles, 1985. Harf-Lansner, Laurence.
- Fées, sorcières et loups garous au moyen âge, Imago, 1996. Lecouteux Claude.
- La vie des loups : du mythe a la réalité, Stock, 1990.Ménatory Gérard.
- Les loups en France : Légende et réalité-Paris : Aubier-Montaigne,
1981- coll. floréal.Ragache
Claude-Catherine et Gilles.
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Mais restons sur l'image
de ce bel animal
tel qu'il est
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TEXTES MEDIEVAUX
Anthologie de la poésie nordique
ancienne.Des origines a la fin du moyen âge, traduction de
Renauld-Krantz.Paris : Gallimard, 1964.Contient l’extrait du Hrafnsmal.
Bestiaires du moyen âge mis en français moderne et présentés par Gabriel
Bianciotto.Paris : Stock, 1992.coll moyen âge.
Le cœur mangé : récits érotiques et courtois des XII° et XIII° mis en
français moderne par Danielle Régnier-Bohler.Paris : Stock, 1988.coll Sock
Plus/Moyen âge. Traduction du lai de Melion aux pp.135-150.
Guillaume de Palerne, roman du XIII° édité par Alexandre Micha (textes en
ancien français seulement).
Genève : Droz, 1990.coll des textes littéraires français.
Lais féeriques des XII° et XIII°, édités par Alexandre Micha (édition
bilingue).Paris : Flamarion, 1992.coll gf n°672.Lai de Mélion aux
pp.257-291.
Lais de Marie de France, édités par Karl Warnke et traduits par Laurence
Harf-Lansner.Paris : Le livre de poche, 1990.coll Lettres Gothiques
n°4523.Bisclavret aux pp.116-133.
Sites internet
http://www.loup.org/
http://www.heresie.com/
http://www.maisondesloups.com
A suivre.................
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